Trois types de réactions incohérentes qui transforment votre style en un plat de nouilles

La Fille de la Manche
il y a 1 an | 6 min de lecture
Trois types de réactions incohérentes qui transforment votre style en un plat de nouilles

Boom ! pow ! C'est l'action et la réaction qui donnent du rythme d'une histoire. Sans réponse à une stimulation, aussi lente ou faible soit-elle, vos personnages deviennent des pantins de bois, aussi peu connectés les uns aux autres qu'un smartphone en zone blanche et du coup aussi attachants qu'un vieux lacet usé.

En coupant le lien des causes à effets, la narration suscite la perplexité du lecteur dans le mauvais sens, il ne comprend plus les personnages, se demande pourquoi diable ils se comportent ainsi et s’il n’y a aucune cohérence dans les comportements, il finit par se désintéresser de l’intrigue. Pourquoi se passionnerait-il pour une histoire qui n’intéresse même pas les protagonistes de celle-ci ?

De la même manière, si la réaction d’un personnage ne présente aucune cohérence avec le caractère de celui-ci, comme lors des erreurs de script dans un film, le lecteur ne voit plus que cela et bloque sur l’invraisemblance de la situation.  Au mieux, il en rit, se moquant de l’auteur. Au pire, il referme, insatisfait, le bouquin concerné et garde un mauvais souvenir de son auteur. 

Ce genre de situation n’est pas aussi rare qu’on pourrait le penser et l’on peut classer en trois grandes catégories, les réactions incohérentes vis-à-vis d’un stimuli qui peuvent vraiment plomber votre histoire. 

Le manque ou l'insuffisance de réaction

Si les personnages n'interagissent pas entre eux, l'ennui guette le lecteur assez rapidement. Il peut dans un premier temps penser que le manque de réaction à un événement ou à une action fait partie intégrante de l'histoire, qu'il s'agit de souligner un fait pris à la légère, peu important, ou au contraire dont on prendra la mesure plus tard. Cela peut être perturbant mais finalement assez efficace. Cependant, si cela se reproduit tout au long de la narration, cela devient rapidement rasoir. Le lecteur en vient à se fiche lui-aussi de ce qui arrive aux différents protagonistes et à leur environnement.

Ainsi, si le personnage concerné réagit comme un plat de nouilles à une action violente et qu'il ne se passe rien d'autre après, autant ne pas écrire une scène qui n'apporte rien à l'histoire mais créer un inconfort chez le lecteur qui n'en saisit pas le sens. C'est également le meilleur moyen d'acquérir un style plat et ennuyeux. Si dans Les Trois Mousquetaires, personne ne réagissait aux perfidies de Milady, l’histoire perdrait toute sa saveur. Idem dans Le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter, sans interactions entre les différents protagonistes, l’histoire devient insipide, voire ennuyeuse et donne seulement envie de passer rapidement à autre chose. 

Attention, cela ne signifie qu'il faut faire vos personnages sur-réagir à la moindre action. Au ridicule peut s'ajouter également l’incohérence. Si un super héros s’effondre à la moindre piqûre de moustique, il perd de sa crédibilité, mais s’il est attaqué par un essaim de frelons asiatiques dressés à tuer, sa panique immédiate devient compréhensible. 

En résumé, vos personnages principaux doivent agir et réagir en fonction du caractère dont vous les avez dotés, de leur manière d'appréhender les autres, et de l’intensité du stimuli envoyé Plus celui-ci est intense, plus la réaction peut être forte et complexe avec plusieurs étages de réponses. Vos protagonistes principaux vont ainsi livrer leur point de vue au lecteur, emporter ou non son adhésion, mais dans tous les cas le faire réagir à son tour. Les personnages secondaires, quant à eux, se limitent en général à réagir aux réponses données par les premiers ou à appuyer le message délivré par le narrateur.

La réaction en cascade désordonnée

Autant que le manque de réaction d'un personnage à une action peut être déroutant, autant une réponse confuse, l’est toute autant. Celle-ci intervient le plus souvent lorsque le narrateur choisit de ne pas respecter l’ordre logique du processus de réaction. En effet face à une situation, quelle quel soit, les fonctions et les réactions physiologiques d’un être humain suivent généralement les mêmes étapes  :

  • L’action : qui va déclencher la réaction. Par exemple, le protagoniste tombe dans un trou profond
  • La sensation : c’est une réaction est involontaire, comme la sensation d’être happé par l’obscurité
  • Le réflexe : également involontaire, comme l’agitation du corps pour amortir la chute
  • La prise de conscience : volontaire, comme la prise de conscience d’avoir été poussé par le personnage X
  • L’émotion : involontaire, cela peut être la colère contre son agresseur ou la panique de la chute. Elle peut donner lieu à une description en cascade des sentiments ressentis.
  • La réaction : volontaire, la réaction peut ici être de crier, d’appeler au secours (dialogue) ou de s’accrocher à une aspérité des bords du trou (action). L’important est d’amener l’action suivante du déroulement de votre histoire.

Si cet ordre n’est pas respecté, si la réaction arrive avant le réflexe ou la sensation avant le stimuli, l’ensemble peut vitre devenir incohérent pour le lecteur. 

Les réactions involontaires précèdent toujours la prise de conscience et la réaction volontaire du personnage.

À noter : ces étapes logiques de l’action à la réaction s’appliquent à tous les genres littéraires car elles n’engagent pas le type de réponses mais l’ordre physiologique dans lequel elles apparaissent. Par exemple, si un extra-terrestre arrive sur terre, il ne va sans doute pas avoir les mêmes réactions à un stimuli qu’un humain, mais l’ordre dans lequel il va ressentir les choses sera similaire car l’auteur et ses lecteurs le sont… On retrouve ainsi dans la fantasy ou la science-fiction des sentiments bien humains comme la jalousie, la cruauté, l’amour, etc.

La réaction précédant l'action

Afin de créer du suspense, certains auteurs choisissent de montrer la réaction de leur personnage avant de poser l’action qui l’a engendrée. L’idée est de créer une tension dramatique de manière artificielle, une vieille ficelle que l’on retrouve dans de nombreux romans policiers. 

Ainsi, dans notre exemple, les sensations et les réflexes du personnage seraient mis en avant sans que l’on sache pourquoi il est dans cet état. Ce qui peut créer effectivement un effet de suspense si la scène intervient au début d’un paragraphe ou d’un chapitre. 

En revanche, si au milieu d’une scène, la narration est stoppée par les cris du personnage sans que l’on sache pourquoi, et que l’auteur remonte au stimuli original (l’explication) au rythme d’une tortue atteinte d’apathie, les lecteurs vont s’impatienter ! Ils vont être renvoyés au rôle de spectateur passif alors qu’ils veulent faire corps avec l’histoire et ses protagonistes.

En résumé, attention à l’utilisation du suspens de manière systématique et artificielle, qui peut laisser les lecteurs à la porte de l’action. Préférez, surtout si vous êtes débutant, les bonnes bases de la narration : Cause, effet, réponse.  

 

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