Non, tout le monde ne peut pas être écrivain !

Lâchez un peu les réseaux sociaux et le monde des bisounours ! Contrairement à ce que l’on vous raconte à longueur de scroll, si tout le monde peut devenir un scribouillard de seconde zone, et encore il faut une certaine persévérance pour y parvenir, tout le monde ne peut pas devenir un auteur digne de ce nom. Explications.
Pour devenir un écrivain, il faut écrire. Si vous vous référez au très américain challenge comme le NaNoWriMo, il suffirait même d’être capable d’écrire 50 000 mots durant le mois de novembre. Personnellement, je pense que c’est plutôt à se dégoûter à jamais de prendre son stylo ou d’ouvrir son ordinateur. Pourtant, certains s’y attellent chaque année avec une impatience et un enthousiasme partagés sur Instagram ou Facebook, en affichant leur conviction d’y arriver enfin cette fois. Pourquoi ? Parce qu’ils cherchent une motivation, un support, afin de faire avancer leur projet. Ce qui est déjà en soi une très mauvaise idée car l’écriture est un travail personnel et intime, qui ne se partage que très rarement. De plus, avec un tel rythme, il est pratiquement assuré de laisser tomber au bout de cinq chapitres maximum avec pages entières remplies à la hâte, sans structure narrative construite et avec, au bout du compte des idées embrouillées. De plus, bonjour la relecture ! Donc oubliez la facilité et rappelez-vous : écrire n’est pas facile. Pour mener au bout un roman, avant même d’avoir du talent, il faut savoir et comprendre dans quoi on s’engage car c’est un vrai choix de vie. Voici au moins six bonnes raisons de réfléchir avant de lancer.
Vous devez être engagé
Afin d’être sûr de ne pas abandonner en cours de route, vous ne devez pas être motivé. La motivation est même un de vos pires ennemis car elle vous fait miroiter des pluies de fleurs alors que vous vous engagez dans une vallée de larmes. Elle n’est pas fiable car elle n’est pas intérieure. Elle se gonfle à bloc sous l’influence d’un coach ou de membres d’un groupe d’auteurs, mais peut retomber aussi vite par l’intervention d’un autre professionnel qui va critiquer votre travail par exemple. C’est la raison pour laquelle, vous ne devez pas être motivé mais engagé. L’engagement, c’est un pacte solide que vous signez avec vous-même. Personne d’autre que vous ne peut le briser.
Vous devrez être égoïste
Tous les grands écrivains sont de fameux égoïstes. Non pas par indifférence aux autres mais pour une question de survie en tant qu’auteur. Il leur faut donc pendant leur période de gestation, toujours difficile, se couper du monde extérieur. Pendant le temps dévolu à l’écriture, rien ne doit les troubler. Certains écrivent la nuit pour cette raison, d’autres comme Victor Hugo se faisait enfermer à clé nu dans une pièce vide afin d’échapper à toute distraction extérieure, d’autres encore préfèrent s’isoler dans une maison de campagne… Difficile de vivre avec un écrivain !
Il vous faudra vaincre vos peurs
Il est très à la mode en ce moment d’inciter les gens à sortir de leur zone de confort, et bien c’est que doit faire constamment l’écrivain. Il y a bien sûr des exceptions, mais la plupart doivent combattre la résistance de leur cerveau qui les incite à rester au fond de leur lit, à remettre à plus tard les séances d’écriture pour regarder une série sur Netflix ou même ranger leur bureau à fond. Ce sont des mécanismes de défense contre la peur de l’échec, de la page blanche, toutes les excuses que l’on se donne pour ne pas changer ses habitudes. C’est ce qui explique aussi le besoin d’être égoïste, il est déjà difficile de se battre contre soi-même, alors contre les autres… La bonne nouvelle, c’est que les habitudes cela se change et il est assez facile de reprogrammer son cerveau en conséquence et surmonter ces étapes
Vous devrez faire preuve de constance
Même avec tout le talent du monde, il vous sera impossible d’écrire un roman si vous n’instituez pas un rituel d’écriture, une ligne de conduite stricte au quotidien. Écrire est un travail long, difficile, qui demande de la rigueur. Pour avoir une chance de voir aboutir votre projet, vous devez définir des plages de travail immuables tous les jours de la semaine. Mieux vaut qu’elles soient courtes qu’inconstantes. Le moyen le plus efficace pour y parvenir est de constituer un rétroplanning et de vous y tenir. Celui-ci, mais nous y reviendrons dans un autre article, doit se découper en mois, en jours et en heures.
Vous devez adopter une bonne hygiène de vie
Il existe bien sûr des œuvres splendides écrites par de grands écrivains alcoolique tels Ernest Hemingway, Truman Capote ou Charles Bukowski dont les moins jeunes d’entre nous se souviennent encore du passage dans Apostrophe (note pour les plus de 30 ans), mais je ne vous conseille pas de suivre leur modèle, ils ont mal fini en général et dans un sale état physique et mental. Avoir une bonne hygiène de vie, s’alimenter correctement, sortir au grand air pour s’aérer le cerveau et entretenir son corps, boire suffisamment d’eau et dormir correctement permet d’écrire plus vite et mieux.
Il vous faudra mettre votre ego de côté
Quel que soit le genre dans lequel vous vous lancez, vous écrivez pour être lu. Ce qui signifie que lors de la relecture par d’autres – et je ne saurais que vous conseillez d’avoir recours à des professionnels pour cette phase capitale- vous devrez mettre votre ego dans votre poche et votre mouchoir dessus. Votre livre, même si vous en avez bavé pour le finir, n’est pas vous. C’est comme un de vos enfants, il va grandir et partir du nid tout seul. I faut donc que vous soyez capable de lui donner les moyens de s’améliorer, de devenir la meilleure version possible de lui-même. Ce qui ne veut pas dire accepter toutes les modifications suggérées, sauf s’il s’agit d’orthographe ou de syntaxe, mais de réfléchir à leur impact et à leur apport éventuel au manuscrit.
Tout ceci vous semble à votre portée ? Bravo, vous avez l'étoffe d'un auteur !
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