Comment trouver une idée de roman quand on n'en a aucune ?

Le problème en réalité n’est pas tant le manque mais bien souvent le trop plein d’idées qui vous traversent l’esprit et s’évaporent aussi vite qu’elles sont venues. Le monde autour de vous fourmille de sujets passionnants à traiter, mais il faut savoir les cultiver afin de pouvoir ensuite les cueillir et les mettre dans votre escarcelle d’écrivain. Voici quatre exercices pour les trouver, les travailler et les transformer en roman.

Si vous n’arrivez pas à vous fixer sur un thème en particulier pour écrire un roman alors que vous savez que l'écriture est votre vocation, c’est sans doute que vous cherchez trop loin, que vous ne voyez pas ce qui se trouve sous votre nez. Les bonnes histoires partent le plus souvent de choses banales, de petits incidents de la vie, d'un regard croisé dans la rue,  qui peuvent s’avérer la base d’une solide trame de roman. Il faut seulement un peu de discipline pour les classer et en faire le début de votre roman à succès.

1 – Établissez une liste de vos envies

• Mettez-vous dans un endroit calme et prenez une feuille de papier sur laquelle vous allez établir une liste de vos centres d'intérêt, de vos passions, de vos peurs, de vos espoirs, de vos envies, etc.
• Ne réfléchissez pas, écrivez tout ce qui vous passe par la tête sans hiérarchie ni censure. Vous pouvez le faire sur plusieurs jours ou en un seul, mais, dans tous les cas, vous devez obtenir au minimum une liste d’une cinquantaine d’items et au maximum de cent cinquante.
• Quand vous avez terminé, relisez cette liste à tête reposée en vous demandant à chaque fois si une idée d’histoire ou de personnage peut se dégager de la phrase que vous avez écrite. Attention, il ne s’agit pas d’avoir toute l’histoire en tête, mais juste une thématique, l'amorce d'un sujet qui a le potentiel de se dérouler en roman.

Par exemple. Si vous avez écrit « j’ai peur de perdre mon chien très fugueur ». Est-ce que cela peut être le point de départ d’une histoire, un chien qui fugue ? Ou pourrait de prime abord se dire que c'est mien mince pour écrire une histoire si on reste à ce niveau. Mais si on commence à réfléchir, à se demander  « où peut-t-il aller ?, qu'est-ce qui a motiver son départ ? Combien de temps va-t-il se passer avant que son maître s'en rende compte ? Quelles actions va entamer ce dernier pour retrouver son chien ? Que va-t-il leur arriver ? Quels personnages vont-ils rencontrer ? … » Cela peut faire un roman si vous vous mettez dans la peau d’un conteur, car ce n’est rien d’autre que cela un écrivain à succès : un formidable conteur d’histoires ! 

• Essayez d’écrire un résumé sur deux pages de chaque histoire imaginée à partir des sujets que vous avez sélectionné dans votre liste. Éliminez ceux qui ne vous inspirent pas ou trop peu afin de en garder que les thèmes qui stimulent le plus votre imagination. Il doit vous en rester cinq parmi lesquels vous allez en choisir un, celui qui a été le plus productif pour vous, mais gardez les autres. Ils vous serviront un jour !

2 – Adoptez un carnet d’idées dans lequel vous noterez tout ce qui vous vient à l'esprit

• Comme précédemment, ne triez pas, écrivez toutes vos idées, même celles qui vous semblent incohérentes ou sans intérêt. Bon nombre de sujets apparemment absurdes sont devenus la clé de romans à succès brillants par leur originalité. Ne cherchez pas à trouver des sujets de roman à succès, cet exercice sert à vous habituer à écouter votre petite voix intérieure qui ne cherche qu'à s'exprimer. 

Par exemple. Un homme qui n’a pas d’odeur, pas très emballant comme idée au départ, a donné l’excellent roman de Patrick Süskind, Le Parfum, sur la différence, ici invisible de prime abord mais qui aboutit au rejet de l'autre. Ou encore, un enfant juif abandonné dans une gare allemande, idée qui ne paraît pas spécifiquement réjouissante au départ, mais qui a été transformé en un foutraque et désopilant roman par le génial Tom Sharpe qui l'a baptisé La route sanglante du jardinier Blott. 

En résumé, aucune idée n’est à jeter a priori. C’est en réfléchissant au traitement de celles-ci que vous ferez le tri.

• Enfin, prenez un carnet type Moleskine ®, pas trop grand ni trop petit, afin de pouvoir l’emporter partout avec vous et surtout le garder près de votre lit. Les meilleures idées en effet viennent souvent le matin au réveil ou le soir quand on n’arrive pas à dormir. Cela vous évitera de rechercher l’excellent sujet qui vous a traversé la tête au milieu de la nuit et sur lequel vous n’arrivez plus à mettre la main.

3 – Regardez le monde en écrivain

• Observez tout ce qui vous entoure comme le sujet potentiel de roman.

• Notez dans votre carnet d’idées, les situations qui vous semblent amusantes, les comportements qui vous interpellent, les personnages qui attirent votre attention… Décrivez les gens et les paysages qui vous touchent. Découpez et collez dans votre carnet, les images, les photos qui vous émeuvent. Tout ceci vous paraîtra brouillon et sans queue ni tête au départ, mais cela va infuser lentement, devenir des automatismes et vous replongerez directement dans cette mémoire sensitive quand vous commencerez à écrire. Parfois, vous transcrirez même des scènes telles que vous les avez vues ou vécues directement dans votre roman. Les pages société des journaux et les réseaux sociaux sont dans ce domaine une vraie manne d’inspiration notamment pour les romans policiers ou sociétaux.

Par exemple. Michel Audiard notait tout ce qu’il entendait dans les taxis et les bistrots parisiens. Beaucoup des célèbres répliques qu’il a écrites sont des retranscriptions littérales de ces conversations. Truman Capote a écrit son plus célèbre roman, De sang-froid, à partir d’un fait divers qui l’avait profondément marqué. Tracy Chevalier, lui, s’est inspiré d’un tableau, La Jeune fille à la perle de Vermeer, pour écrire un roman basée sur les relations entre le peintre, son modèle et les différents personnages qui les entourent.

4 – Écrivez des scènes et amusez-vous 

• Prenez une photo, une citation, un fait divers et écrivez-une scène à partir de votre ressenti. Cela doit être un exercice joyeux et libératoire. Ne vous préoccupez pas de son intégration dans une histoire plus longue, ni de votre orthographe (vous pourrez toujours corriger après), ni de votre style car c’est ainsi que vous le trouverez.

• Laissez-vous juste guider par votre imagination et racontez ! De nouvelles idées jailliront de vos petites scénettes et vous prendrez de plus en plus de plaisir à les écrire. Puis, vous aurez tendance à les développer de plus en plus et elles pourront même devenir un début de roman. Dans tous les cas, gardez-les, elles seront peut-être réutilisables plus tard.

En pratiquant ces exercices régulièrement, vous développerez non seulement votre capacité à trouver et à travailler des idées de roman, mais vous allez acquérir peu à peu des réflexes d’auteur, une autre vision du monde,  associés à une plus grande fluidité d’écriture.